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Erthia

Salut à toi

Salut à toi, lieu éphémère,
Chantier en cours, poussièr’, désordre et construction,
Plafond métalliqu’, béton et destruction ;
Transformation d’un endroit familier,
Méconnaissable,
Mouvante nouveauté.

Salut à toi, lieu de passage,
Couloirs sans vie, gris neuf et vide
Sous la lumièr’ pâl’ des néons,
Mes pas m’extirpent sans regret
De ton étreinte étouffante.
Tu me rappell’ les hôpitaux
Froids et stéril’ de 2010.

Démolir

Démolir ce visage,
Détruir’ ce rictus,
Noyer sous acid’ ces souvenirs,
Couler sous le goudron cette dans’ moribonde,
Doucement cette bêt’ s’enfonce dans l’océan,
A petits pas s’éloigner pour ne pas en crever.

Crépuscule

Nuit, petit intérieur sombre,
Le crépuscule coule par la fenêtre,
Colore les murs d’orange,
Jazz nocturne, lumière tamisée,
Et la douceur de ta proximité.

Corps s’approchant,
Peaux se frôlant,
Fourmillements ;

La chaleur coule sous les caresses,
Danse sensuelle,
Embrassement.

Doux désir

Doux spleen glissant sur mon âme,
Doux désir nageant dans mon corps,
Flottement, suspension, rêverie délicieuse,
Et mon cœur, en douceur, rêves légers et d’or.

Dans ce froid immense...

Dans ce froid immense,
Elle danse, en transe,
Inaudibles pas de souffrance,
Pont de silence, délivrance.

Attentes

Chill, posée
Dans cette chambr’ peu éclairée,
Le jazz coul’ dans mes veines et me détends ;
Je t’imagine ici, tous deux détendus.

Les not’ portent les non-dits
Qui se délient de nos bouches,
L’atmosphère est moelleuse et tendre, comme une couette,
Les corps se touchent sans se toucher
Par des sourires et des regards,
Puis des gestes tendres et intenses,
Comm’ ta main tenant un’ de mes mèches
Alors que tes yeux saisiss’ mon visage,
Et l’air s’emplit de l’envie de nos corps rapprochés,
Qui échauffés, timides, hésitants,
Se trouveront simplement réunis.

Battue

Se laisser battre,
Abattue à force de combattre,
Gémir et tomber sous les coups,
Et à contre courant avancer vaillamment.
Dans ce monde plein de violences,
Des corps tombent dans la poussière.

Poussière

Rien n’a de sens,
Sens dessus dessous,
Tout s’empile et tout se tient,
Mais je n’y vois rien de construit.
Brûlons ce monde tyrannique,
Je veux marcher dans sa poussière,
De ce mirage n’en gardons trace.

Coulent

Coul’ sur mon visag’ le sommeil,
Coul’ sur mon corps la fatigue,
Cours dans mes vein’ la démotivation ;
Danse sur ma vie cette ombre démunie,
Et ce désir, presque brisé,
Qui s’embrase,
Trop souvent,
Pour lui.

Attente(s)

J’attends que tu reviennes et que tu m’invites enfin,
Pour que mes bras vides de toi puissent te serrer tout contre moi,
Pour que l’attente qui hante mon corps s’évapore quelques heures,
Pour qu’enfin rassurée, ma peur parte en congé,
Pour mesurer dans tes yeux clairs, dans tes gestes et dans ta voix,
Ce que je suis pour toi.

Dédale et Icare

Le corps nu, tendu, prêt à s’élancer dans le ciel,
Icare brûle de frôler le Soleil ;
Noyé dans la lumière qui l’engloutit déjà,
Il croit toucher son rêve du bout des doigts ;
Mais un drap blanc empiète sur son corps,
A moitié allongé, à moitié déjà mort.

Et Dédale, père attentionné,
De ses mains délicates achève son travail,
Puis prodigue à son fils des conseils de prudence,
La gorge nouée, espérant être écouté.

Mais face à ces ailes noires,
Onirique et exaltante invention,
Comment ne pas vouloir prendre son envol sans restriction ?

Et au dehors, le ciel orageux annonce comme un destin funeste
Vers lequel Icare tend son bras insouciant ;
Oui, il aura cette liberté, qu’il embrassera,
L’espace d’une seconde,
Avant qu’elle le précipite dans les flots meurtriers.

Tandis que Dédale, par son invention,
S’envolera hors de sa prison,
Dépassant le temps d’un vol ses semblables,
Et restant modéré face au formidable.

Réappropriation du tableau Dédale et Icare, Charles LeBrun, 1645-46, peinture à l’huile sur toile, 190x124 cm, musée Hermitage, St Petersburg.

Poème érotique

Et si nous nous rapprochions...
Tes mains grandes et fines
Pourraient jauger mon corps,
Et mes grandes mains
Pourraient explorer le tiens,
Grand et mince, où je me blottirais ;
Et tu sentirais mon nez se glisser dans ton cou,
Mes lèvres effleurer ta peau ;
Tu entendrais mon souffle se ralentir,
Sentirais ton désir grandir,
Et le mien fleurir sous tes gestes...

Je t’érigerais le temps d’un instant dans mes flots.

Tu te fous de ma gueule

Tu as trahis ta parole,
Réduis mes rêves en cendres,
Tu me files la nausée et j’en vomis mes tripes,
Et tu te défiles,
Te plonges dans le silence plutôt qu’assumer tes torts,
Tu te fous de ma gueule et je déteste ça.

Vieux brouillon, doux passé

J’ai fini par tomber amoureuse de quelqu’un que je n’intéresse plus,
Et il y a des souvenirs que je ne veux voir mourir...
Le soir où tu m’as donné ton numéro,
Toi étendu sur la plage, moi assise à côté,
Vouloir s’allonger, se rapprocher, ne pas oser,
Marcher côte à côte, envie d’ébouriffer tes cheveux,
Te voler tes lunettes pour encore mieux voir tes yeux,
Toutes ces fois où tu me dis ne pas me comprendre,
Tes déclarations,
Et tous les autres, ces innombrables jours passés à tes côtés,
À jamais du passé.

Pas de lumière au bout du tunnel

Y’a pas d’lumière au bout du tunnel,
La vie sera vain’ jusqu’au bout,
On s’crée des étoiles nous guidant dans le ciel
Pour oublier le goût amer de nos larmes passées.

On se bâtit sans cess’ des mondes merveilleux,
Pour satisfaire nos désirs vains,
On imagine des histoires à raconter,
Des boucliers,
Des leurres en papier,
Et on avale celles des autres telles des cachets.

Nous ne cessons d’orner nos vies de tissus riches de sens.

Spontanéité

Tout était vrai, mais tout est devenu faux,
Cette spontanéité nous l’avons bafouée, bousillée, enterrée,
Nous dansons sur les cendres de notre sincère rencontre,
Et de notre fuit’ nous sommes devenus prisonniers :
Nous osons à pein’ nous parler.

Tant pis ; Tant mieux;
Car mon désir est duel,
Et dans ces évitements fortuits je préserve mon âm’ de la tentation.

Ce qui nage dans mon cœur

J’aimerais t’expliquer ce qui nage dans mon cœur,
Toutes ces pépites d’or et de bonheur,
C’est quelque chose que je ne peux définir,
C’est quelque chose que je ne peux t’offrir.

Et lourde de ce secret qui met mon cœur en pagaille,
Je me dis qu’aimer n’a jamais été aussi inavouable.

Débordements

Les cris et les pleurs se tendent,
Explosent et se distendent,
Le monde tremble autour d’eux,
Et dans ses états calmes respire la mort.

Dodo

Plonger dans une douceur irrésistible
Se laisser dépasser, sombrer,
Goûter au plus doux des états,
Dans ce doux lit chaud accueillir le sommeil.

Amour

Marcher dans la plaine, les yeux éblouis, les bras tendus;
Toucher cet autre personne, du bout des doigts, de tout son corps;
Sentir le bonheur s’écouler, la tendresse nous envelopper,
la chaleur se transmettre, une étrange et agréable sensation circuler...
S’embrasser. Tendrement. Naturellement.